"An old man turned ninety-eight, he won the lottery and died the next day (...) And isn't it ironic, don't you think ?"

Le réveil sonne, je l’entends au loin...

Un rayon de soleil effleure ma joue, mes bras, mon corps. Je sens la couette qui s’enlève... quelqu’un la tire... mais qui ?

Oulala j’ai du mal ce matin.

Très loin, j’entends le flash info «la coupe du Monde... Mandela...accident de voiture... son arrière-petite-fille...» Ce n’est pas possible, ce que j’entends, c’est trop triste. Un cauchemar sûrement.

Allez, ma fille, ouvre un oeil... au moins un !

Je ne sais combien de temps se passe mais cette fois-ci, je sens vraiment les rayons de soleil effleurer ma peau. Le volet serait-il complètement levé ?

Mais, cette couette, ne l’avais-je point remontée sur mes épaules ? Bizarre.

Les yeux décidément, ont bien du mal à s’ouvrir.

Mais il y a comme une présence près de moi et de nouveau, cette annonce à la radio...

Bon, un oeil puis un deuxième, çà y est on peut officiellement dire que je suis debout ? Non ? Comment çà, je suis encore dans mon lit, oui bon d’accord, mais je viens d’ouvrir les yeux, çà compte !

Et puis laissez-moi le temps de m’habituer à la lumière...

...ah mais je tourne la tête, un beau sourire.

Je me laisse le temps d’apprécier l’instant... on verra plus tard pour le coup de bourre -oui parce qu’il est pas loin de 8h, heure à laquelle thé-o-ri-que-ment, je décolle pour le boulot.

Non, d’abord profiter pleinement de l’instant, de ce petit moment de bonheur, de calme aussi. Le monde semble être en pause, je me noie dans ces yeux...

Un bon quart d’heure plus tard, je suis au volant de ma voiture, direction le boulot, pour une journée bien chargée.

Un cappucino à emporter, France info et la nouvelle du matin confirmée, je ne rêvais pas, malheureusement, l’arrière-petite-fille de Mandela s’est tuée dans un accident de voiture.

Certes, un drame comme il en existe tant, un de plus mais la vie est ainsi faite, ses hasards douloureux et ses peines inutiles...

Mandela, 92 ans, qui s’est battu pour le droit des Hommes, en combattant l'Apartheid, au point de sacrifier une partie de sa vie, sans jamais céder à l’esprit revanchard, à la colère ou à l’amertume. Cet homme, qui à près de 90 ans, s’est battu pour que cette Coupe du monde se passe en Afrique du Sud ; mais surtout cet arrière-grand-père qui perd l’un de ses enfants...

La vie, cette roulette russe... Tout qui peut chavirer dans un sens ou dans l’autre, en une fraction de secondes. La vie tout comme le bonheur sont fragiles... l’un peut être plus que l’autre, à moins que ce ne soit l’inverse. Profiter à fond de tous les petits moments qui parfois anodins ne sont pas mesurés à leur véritable valeur. Encore hier soir, à la cérémonie de la pipe sacrée, le chef T8aminik Rankin remerciait notre mère la Terre, la  vie aussi, et priait pour tous les Hommes.

Ce matin, je savourais la vie et le bonheur... sans oublier que d’autres n’ont peut être déjà plus cette chance...